Basés au Portugal et aux USA, ils gèrent au moins 50 groupes d’internautes brésiliens. «Alors les gens répliquent et ça finit par devenir viral sur le réseau social Whatsapp ».
Ensemble, ils gèrent au moins 50 groupes Whatsapp et disséminent des « fake news – fausses informations » en faveur de la candidature présidentielle de Jair Bolsonaro (PSL – Parti d’extrême-droite), ce qui atteint environ dix milliers de personnes dans un premier temps. « Nous touchons directement dix mille personnes répandues par tout le Brésil. Alors les gens répliquent et ça finit par devenir viral sur le réseau social Whatsapp », déclare Carlos Nacri, qui propage depuis l’Europe – où il réside actuellement – des messages à caractère patriotique et nationaliste en faveur de la candidature du militaire réserviste.
Éducateur sportif, l’ex-impresario de « vale-tudo » (discipline de combat libre) habite actuellement au Portugal et agit dans la guerre virtuelle, en soutien à la candidature de Bolsonaro. Il se considère un activiste politique, un enthousiaste des réseaux sociaux et un serveur public sur ces mêmes réseaux. Il est aux côtés de Newton Martins, Brésilien lui aussi habitant à présent Boston, USA.
Newton est administrateur de la page Facebook du « Movimento Nas Ruas – mouvement dans les rues », qui réunit plus de 810 mille « followers » (internautes abonnés à la page et qui suivent ce qui y est publié). Il fait ouvertement campagne pour Bolsonaro en distribuant des mèmes (éléments culturels reconnaissables, répliqués et transmis par l’imitation du comportement d’individus par d’autres individus et reproduits en masse sur internet [NdT]) et en appelant à protester. Le mouvement était parmi ceux qui sont nés et ont pris de l’ampleur pendant le coup parlementaire de 2016 contre Dilma Rousseff et qui sont utilisés depuis, pour disséminer l’idéologie de l’ultra-droite dans le pays, selon les techniques et enseignements de Steve Bannon, gourou du mouvement international ultra-libéral, ex-conseiller de Trump et qui agit dans la campagne de Bolsonaro.
Dans un entretien avec le journal « El País » via Whatspp, Nacli dit que les agissements sur les réseaux sont « volontaires » et servent à combattre « des informations pour le moins tendancieuses ou même malveillantes vis-à-vis de Bolsonaro ».
Il admet qu’il y a pendant les élections une guerre virtuelle, selon lui, entre les « grands médias tendancieux» et les médias des réseaux sociaux. « Même s’il y a un peu de tout, ces réseaux sont plus démocratiques et ils se révèlent plus puissants ». « Nous sommes sûrs que l’effet multiplicateur des réseaux sociaux est plus fort que n’importe quel grand groupe de médias. Cet effet est encore plus fort après la diffusion d’informations nuisibles. Si je résume bien, notre travail ici, c’est de faire tourner le sort contre celui qui l’a lancé », dit-il.
Habitant à Curitiba jusqu’à il y a trois mois, Nacli affirme avoir déménagé au Portugal – pays gouverné par une coalition de gauche – parce que « la situation au Brésil était exécrable ». Au Portugal, indépendamment de l’idéologie du gouvernement, nous avons tous les services de base qu’un être humain devrait avoir,», affirme-t-il avant de déclarer qu’il ne prétend pas retourner au Brésil, même si Bolsonaro venait à emporter les élections.
Sur sa page Facebook, qui n’a pas plus de 150 followers, Nacli est plutôt inactif. Il a quand même publié quelques vidéos identifiées comme appartenant au « Programa Contra Ataque », réunissant plusieurs fake news et messages qui sont ensuite disséminés par des soutiens à Bolsonaro sur les réseaux sociaux, toujours accompagnés de hashtags (#) allusifs à la candidature du militaire et sous la description « Somos o exército de Bolsonaro – Nous sommes l’armée de Bolsonaro».
L’activisme à Boston
Sur le continent américain, Newton s’affiche comme étant un soldat qui agit aux ordres de l’armée de Bolsonaro. En plus d’organiser des manifestations et des débats en faveur des idées du militaire, dans le pays de Donald Trump, il communique sur les réseaux sociaux avec les candidats gouvernementaux et sénatoriaux d’extrême-droite, comme Janaina Paschoal, une des auteurs du coup parlementaire de 2016. « Mon amour a gagné », dit-il sur un message posté sur sa page, après la confirmation de son élection à la chambre Fédérale.
Sur une vidéo publiée après le premier tour des élections brésiliennes, le lundi 8 octobre, Newton a félicité les candidats d’extrême-droite qui se sont fait élire. « Félicitations Carla Zambelli, Janaina Paschoal et Alê Silva. Vous avez réussi, vous avez gagné les élections. C’est très plaisant de savoir que nous avons participé dans cette marche à vos côtés », dit-il en annonçant un jour de repos, avant de « reprendre la lutte pour faire élire Bolsonaro, président du Brésil au deuxième tour ».
Traduit du portugais par Paulo Correia pour le Journal Notre Amérique
Source : Revista Forum