La propagande dans un Etat colonial, dans un régime d'apartheid comme Israël, ça donne des ministres qui comparent les Palestiniens à des animaux humains ou des clips comme celui-là. Toujours le même processus de déshumanisation à l'oeuvre, ouvrant la voie aux pires atrocités. A noter que le remake de cette chanson a choqué beaucoup de monde, même en Israël. (I'A)
La nuit d’automne tombe sur la plage de Gaza.
Destruction de bombardements d’avions
Ici, Tsahal franchit la frontière
Eliminez les porteurs de croix gammées.
Une autre année, et il n’y aura plus rien là-bas
Et nous rentrerons sains et saufs chez nous.
Dans l’année, nous les éliminerons tous.
Et puis nous reviendrons labourer nos champs.
Des visages angéliques d’enfants israéliens chantent l’anéantissement du peuple de Gaza. Impossible alors de ne pas penser à toutes ces photos d’enfants palestiniens tués ou mutilés sous les bombes incessantes de Tsahal en écoutant ses paroles génocidaires. Une vieille chanson reprise et parodiée où des innocents glorifient la guerre qu’Israël mène aujourd’hui contre les Palestiniens.
La chanson originale « Le chant de l’amitié » a été écrite un an après le déclenchement de la guerre israélo-arabe de 1948 et commémore tous ceux qui sont tombés durant les combats.
Ici, c’est une nouvelle version, interprétée par une chorale d’enfants habitants les localités frontalières de Gaza qui ont été évacuées après le 7 octobre. Les paroles n’évoquent pas la nostalgie de leurs maisons ni la mémoire de leurs disparus. Ils chantent le chaos et la destruction. Ils retourneront chez eux quand leur armée aura tout détruit…
Ces nouvelles paroles ont été écrites par Ofer Rosenbaum et Shulamit Stolero. La chanson a été rebaptisée sans beaucoup d’imagination « Le chant de l’amitié 2023 ». Les habitants de Gaza apprécieront à leur juste valeur ces marques d’amitiés qui leur tombent sur la tête depuis deux mois.
La vidéo a été mise en ligne par le radiodiffuseur national israélien Kan News sur son site et sur X (anciennement Twitter) mais a été très vite supprimée, car elle a choqué beaucoup de monde y compris des Israéliens. En faisant marche arrière, Kan News craignait-il qu’on l’accuse un jour d’incitation au génocide comme le furent certains responsables de la Radio Télévision Libre des Mille Collines au Rwanda ?
Derrière cette propagande nauséeuse, il y a donc un certain Ofer Rosenbaum qui se présente comme un expert en communication de crise. Sa société de relation publique « Rosenbaum Communication » est à l’origine de certaines des campagnes médiatiques les plus incendiaires en Israël. « Je suis le pistolet sur la table », a-t-il déclaré à Haaretz, un des principaux journaux israéliens.
Sa dernière création est l’organisation « Front civil » qui, après les événements du 7 octobre, a souhaité restaurer la confiance des citoyens israéliens dans leur armée et leurs forces de sécurité. Il a lancé pour cela une vaste campagne d’affichage dans tout Tel-Aviv afin de montrer son soutien aux soldats de Tsahal. On peut voir sur de grands panneaux, les images des dirigeants du Hamas et du Hezbollah vaincus et capturés par les combattants israéliens. Au-dessus on trouve l’inscription en anglais « NEVER AGAIN ». Ce sont les premières affiches du genre en Israël à être fabriqués avec l’intelligence artificielle.
Rosenbaum a déclaré au Jérusalem Post qu’il souhaite ainsi « garantir que l’État d’Israël sera en mesure de continuer à opérer à Gaza aussi longtemps que nécessaire. »
C’est d’ailleurs sur la chaine YouTube de « Front civil » que l’on pouvait encore visionner la vidéo de la chanson jusqu’il y a peu. Elle a finalement été supprimée par la plateforme.
Ces dernières années, Rosenbaum a été à l’origine d’autres campagnes controversées. C’est lui le cerveau derrière les panneaux d’affichage de la campagne électorale de 2020 qui représentaient le chef du Hamas Ismail Haniyeh et le président palestinien Mahmoud Abbas agenouillés, menottés et les yeux bandés. Le slogan qui accompagnait cette sinistre caricature était de la même veine : « La paix ne se fait qu’avec des ennemis vaincus ».
On trouve Daniel Pipes et son think tank sioniste « The Israel Victory Project » derrière le financement de cette campagne. Daniel Pipes est un universitaire, journaliste américain qui perçoit l’islam comme la plus grande menace pour l’Occident. Il a milité contre les accords d’Oslo et a toujours soutenu le Premier ministre israélien Ariel Sharon.
Le maire de Tel-Aviv, Ron Huldai, finira par interdire cette publicité, jugeant que l’image affichée était “choquante au plus haut point” en raison de sa représentation de la violence, du dénigrement et de l’humiliation.
Rosenbaum a également tout fait pour empêcher l’extradition de Malka Leifer, une citoyenne israélo-australienne qui s’était réfugiée dans une colonie de Cisjordanie. Cette directrice d’une école juive ultra-orthodoxe de Victoria, en Australie, était accusée d’abus sexuels sur mineurs. Elle a finalement été extradée et reconnue coupable de 18 chefs d’accusation, dont le viol chez elle d’une élève et l’agression sexuelle de la sœur de celle-ci lors d’un voyage de classe. Une fois la condamnation à 15 ans de prison prononcée, Rosenbaum déclarera : « J’ai été impliqué dans l’affaire Leifer. C’était une erreur de ma part. »
On voit que Rosenbaum n’assume pas toujours ses combats, mais il reste très lucide sur ce qu’il fait. Il se décrivait ainsi dans une interview de juillet 2022 : « Ma spécialité, c’est de faire de mauvaises choses (…) C’est comme ça que j’ai grandi dans la profession (…) Je suis devenu bon dans ce domaine. Je suis le meilleur pour faire de mauvaises choses. »
Source: Investig’Action
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