Dans son livre, Quand le dernier arbre aura été abattu, nous mangerons notre argent, Ludo De Witte montre que pour survivre, l’espèce humaine devra changer de système. Que nous apprend le coronavirus sur la mondialisation, le Pharma Business et qui va payer la facture ?
Nous lui avons demandé son avis sur la pandémie qui nous frappe .
Votre livre réclamait des mesures radicales pour protéger le climat contre le capitalisme. Est-ce que la crise du Coronavirus change ce diagnostic ?
Au contraire, la crise du covid-19 confirme le diagnostic. Le modus operandi du capitalisme, dans son époque la plus récente, mène à ce qu’on appelle la mondialisation. On étend et divise les processus de production dans un nombre infini d’étapes et on les organise aux quatre coins du monde, dans des endroits où les couts sont les plus petits (ex. transporter le soja de l’Amérique latine vers la la Belgique ou la Pologne pour élever les cochons, puis transporter les carcasses vers l’Italie du Sud pour les transformer en portions prêtes à être consommées; portions qui sont alors transportées ver la Scandinavie). Ces chaînes longues, avec des transports sur des milliers de km, détruisent l’atmosphère avec des rejets de carbone, ce qui provoque le changement climatique.
Cela est aussi la cause d’une accentuation de la crise corona – sa divulgation rapide, dans le monde entier. Un problème médical, mais aussi social: la fragilité de ces chaînes de production longues organisées selon le principe “produire just-in-time” se traduisent dans des arrêts de productions, fermetures d’usines, donc dans des licenciements, du chômage…
Le secteur des soins de santé et le Pharma Business sont-ils à la hauteur du défi ?
L’austérité organisée par les gouvernements bourgeois a eu pour effet d’organiser les services de santé en une infrastructure limitée et un personnel réduit… Cela explique la peur chez nous que la situation dramatique de la Lombardie se produise aussi ici : un manque de lits et de matériaux qui oblige les médecins à choisir quel patients on va essayer de sauver et quels autres iraient directement aux service soins palliatifs, faute de moyens pour les aider…
Quelles mesures concrètes faut-il adopter dans cette crise et peut-on faire confiance au monde politique pour les mettre en oeuvre ?
Je crains surtout que la bourgeoisie soit déjà en train de préparer “la théorie du choc” comme l’ a expliqué Naomi Klein: profiter de la crise, de la peur, la désorganisation des masses populaires pour imposer, le moment venu, des mesures draconiennes (attaques sur la sécurité sociale, élargir droits de licenciements, etc.) Demain, quand le déficit budgétaire augmentera, la droite va essayer de refaire ce qu’on a fait après la crise financière de 2008-2009: laisser les classes laborieuses payer les frais de la sauvegarde du système. Dès maintenant, la gauche devrait refuser la soi-disante “Union Nationale” et préparer une contre-offensive, pour que les plus riches paient les frais. Il faut élaborer un programme où on irait chercher l’argent où il se trouve : rien qu’ en 2018, les plus nantis ont transféré 172 milliards d’euro vers des paradis fiscaux (chiffre du quotidien patronal « De Tijd »), sans oublier la fraude fiscale, estimé à 30 milliards d’euro (estimation de Michel Claise, juge d’instruction spécialisé dans des dossiers fiscaux). Un changement radical de politique est indispensable.
Source : Investig’Action
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