On relâche tout ? En France, en Belgique et ailleurs en Europe, on relâche les précautions. Avec quelles conséquences dans quelques semaines ou quelques mois ? Nous en avons discuté dans notre groupe de réflexion Covid : « Ce n’est pas tellement le relâchement des mesures de précaution qu’il faut redouter, estime Johan, que la fausse sécurité que la vaccination donne aux vaccinés. Dès la première injection, on croit qu’on est immunisé. Ce n’est malheureusement pas le cas et même après une deuxième injection, on peut encore transmettre et être malade bien que de façon bénigne. » Badia confirme : « Si les frontières ne sont pas fermées strictement entre groupes vaccinés majoritairement et les autres ( les ‘gueux’ des pays ‘pauvres’), pas de protection efficace. Sauf si on adapte très rapidement les vaccins aux variants émergents ‘préoccupants’ et qu’on revaccine toute la population avec une périodicité à déterminer. »
Bientôt l’immunité collective ? Obtiendra-t-on une immunité collective quand tout le monde sera vacciné ? « Non, une immunité collective restreinte à un pays est un non-sens. Une augmentation de la pandémie est donc possible. », estime Johan. Peut-on le prévoir avec précision ? « Non, indique Badia, aucun modèle mathématique ni même de combinaison de modèles ne permet de prédire efficacement les évènements de l’épidémie au-delà d’une semaine. Ceci a été démontré. »
Selon Jean-Louis, « il serait logique que le virus circule davantage. Il va rencontrer une certaine résistance puisque cinq millions de personnes en Belgique sont immunisées. La balance va donc se jouer entre sa capacité de diffusion et le frein posé par la protection immunitaire (Personnes ayant fait la Covid + personnes vaccinées). Certains scientifiques évoquent un pic en juillet. Ce serait assez logique, et dans un délai de 3 à 6 semaines à partir d’aujourd’hui. Les deux premiers pics avaient une forme de « chapeau pointu » alors que le troisième avait plutôt une forme de cloche ou de « chapeau melon ». On peut imaginer, en juillet, une poussée en forme de béret basque (c’est ce qu’on souhaite, d’autant qu’une bonne partie du personnel médical sera en vacances…), ou de chapeau melon, ou de chapeau pointu. Nous verrons… Il faudra aussi examiner dans quelle mesure l’évolution « naturelle » du virus se ferait éventuellement par pics successifs, indépendamment des mesures, vaccinations, etc… Cela pourrait réorienter toute notre stratégie de lutte contre ce virus. »
Quel avenir pour le virus ? Sur ce thème, Investig’Action a organisé un grand débat Zoom où j’ai beaucoup appris. Témoignages de terrain (Italie, Inde, USA, Grande-Bretagne, France…) et discussion entre scientifiques. En contradiction avec les versions officielles qui escamotent les responsabilités de l’échec en Europe et aux USA et qui exagèrent l’efficacité des vaccins dans les conditions actuelles. Merci de diffuser ce que l’info officielle ne veut pas montrer.
Biden comme Trump ? Dans un style plus calme que l’agité Donald, l’administration Biden vient de relancer le même thème : c’est la faute aux Chinois ! La ‘preuve’ : des services de renseignements US, anonymes évidemment, affirment que trois chercheurs du laboratoire de Wuhan ont éprouvé des symptômes de type grippal en novembre 2019, soit plus tôt que la déclaration de l’épidémie. On aimerait savoir dans quelle région du monde on ne souffre pas de tels symptômes en automne. Le Wall Street Journal qui communique cette « info », indique lui-même que de nombreux officiels US ont un avis opposé sur la valeur de ces « renseignements » des services secrets. La mission de l’OMS d’enquête à Wuhan proteste : le personnel du labo de Wuhan a été testé négatif, on n’a trouvé aucun anticorps indiquant une contamination au SARS-CoV-2 avant janvier 2020. Un membre de la mission, le Néerlandais Marion Koopmans, a témoigné depuis Wuhan : « Il y aura toujours un groupe qui dira : vous voyez, ils retiennent des informations ».
Empoisonné par la politique. Les efforts pour repérer les origines du coronavirus sont « empoisonnés par la politique » a déclaré le Docteur Mike Ryan, chef des programmes d’urgence de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). « Nous aimerions que tous séparent, s’ils le peuvent, la politique de cette question scientifique et qu’on nous laisse poursuivre nos recherches des réponses que nous jugeons adaptées dans une ambiance propre et positive. » (conférence de presse du 28 mai)
La mission (pluraliste) de l’OMS a estimé « hautement improbable » l’émergence d’un laboratoire. Une étude britannico-chinoise publiée début juin dans Nature le confirme. Elle contient les chiffres les plus détaillés jamais vus sur les “marchés humides” de Wuhan où sont vendus de la viande, du poisson, des fruits et des légumes frais. Nous savons maintenant qu’entre 47 000 et 50 000 animaux sauvages y ont été vendus et abattus au cours des deux ans et demi qui ont précédé l’apparition du Covid-19. La viande des animaux était en vente dans pas moins de 17 magasins différents répartis sur quatre “marchés légaux” de la ville. Sept de ces magasins ont été liés aux premiers cas de Covid-19 survenus fin 2019.
En réalité, cette propagande de guerre pour diaboliser le rival économique et stratégique vaut autant que les fantasmes sur le « génocide des Ouïghours » alors que cette population a augmenté de 25 % entre 2010 et 2018.
Cesser de fantasmer sur le « patient zéro ». Toute cette propagande washingtonienne est à côté de la plaque. Car le patient zéro est un mythe comme expliqué au début de mon livre Planète malade . Aucun virus ne commence un jour précis à un endroit précis. Il est en fait le résultat d’une évolution qui opère d’abord de façon souterraine : les personnes sont peu ou pas symptomatiques ou bien leur maladie reçoit une autre qualification avant qu’on comprenne qu’il s’agit d’un nouveau virus. Pourquoi les médias occidentaux se focalisent-ils sur Wuhan et taisent-ils sur les suspicions de cas en Italie, en France, aux USA dès novembre 2019 ou même avant ? Vais-je pour autant diaboliser les USA, l’Italie ou la France ? Non. Se focaliser sur un supposé patient zéro détourne l’attention des recherches sur l’évolution du virus. Elles devraient bénéficier d’une coopération ouverte et franche au lieu d’une guéguerre froide stérile. Parce que la santé des humains doit l’emporter sur les intérêts de la superpuissance économiques et stratégiques de la superpuissance US.
Pourquoi a-t-on « découvert » le Covid-19 à Wuhan ? Parce que cette ville abrite un laboratoire très performant qui enquête depuis longtemps sur les chauve-souris et les coronavirus (en collaboration avec des chercheurs US d’ailleurs). À la différence de l’Europe qui a refusé de financer de telles recherches proposées en 2006 par le professeur français Bruno Canard (Planète malade, t. 1, p. 16).
Détourner notre attention ? Ces affirmations anti-scientifiques ne tombent pas du ciel. D’abord, il faut diaboliser la Chine, tout ce qu’elle fait est mal. Ensuite, cacher le fait qu’on ne fait rien pour les hôpitaux. Pendant la première vague, tous nos dirigeants ont juré, la main sur le cœur, qu’ils avaient compris l’importance de la santé publique, l’héroïsme des infirmières et de tous les soignants et qu’on allait les « revaloriser ». Mais très peu a été fait et les soignants sont toujours dans la rue.
Dans Michel Midi, j’ai interviewé la jeune docteure assistante Serima Tebbache. Son témoignage courageux est effrayant : ces jeunes stagiaires en formation, prestent de très longues journées et nuits, la nuit et le week-end, ils se retrouvent souvent sans encadrement approprié de leurs spécialistes superviseurs et ils doivent affronter des cas parfois compliqués pour lesquels ils n’ont pas été formés. Mais leur exploitation (2 euros de l’heure !) rapporte beaucoup. Des hôpitaux transformés en entreprises financières, des jeunes médecins surmenés et méprisés, des patients en danger… Comment poser un bon diagnostic après 22 heures de garde dans de si mauvaises conditions ? Tout le contraire des promesses officielles. Leurs collègues français feront grève le 18 juin et manif le 19. À soutenir en diffusant la vidéo-témoignage de Gaétan Casanova, président de l’association des internes hospitaliers. Pour lui, les suicides d’internes (cinq en quatre mois cette année !) sont « le symptôme paroxystique d’un hôpital malade ». Au-delà des suicides spectaculaires (dont le nombre est probablement sous-estimé), c’est l’ensemble de ces soignants qui se retrouvent dans une détresse dangereuse pour eux et pour nous.
Cuba, Venezuela, Nicaragua : d’où viennent ces très bons résultats ? Marc Vandepitte analyse les chiffres en Amérique latine et aux USA. En se basant non sur les stats nationales (souvent sous-estimées) mais sur une large étude de l’ Institute for Health Statistics and Evaluation (IMHE, université de Washington). Le contraste entre pays est frappant : quarante fois moins de morts (par 100.000 habitants) au Nicaragua qu’au Brésil et aux USA. Cent dix fois moins qu’au Pérou néolibéral. 21 fois moins de victimes à Cuba (pourtant étranglé par le blocus US) qu’aux États-Unis, puissance la plus riche du monde. Pareil pour le Venezuela.
L’article de Vandepitte confirme la cause fondamentale des bons et des mauvais résultats : Aux USA, au Brésil, au Guatemala, « afin de sécuriser leurs profits, les mesures de sécurité telles que le confinement, la distanciation sociale et le port obligatoire de masques sont mises en œuvre de manière aussi minimale que possible. (…) Le tableau est très différent au Nicaragua. Là-bas, le soin à la population est central, et non la recherche du profit de l’élite économique. Dès fin janvier, alors que la plupart des pays occidentaux écartaient encore la probabilité d’une pandémie, le Nicaragua préparait les services de près de 20 hôpitaux à recevoir les patients du COVID. Le gouvernement a fait opérer des contrôles sanitaires aux frontières terrestres, avec quarantaines obligatoires, et il a lancé un programme de lutte contre la désinformation diffusée par les réseaux sociaux. Et à Cuba, neuf jours après la découverte des trois premiers cas, le pays se confinait déjà. Pareil pour le Venezuela. »
Trois enseignements donc . 1. Réagir vite et fort donc ! La santé et la vie doivent primer sur les profits. 2. La riposte a été efficace parce ce que ces trois pays ont beaucoup investi dans les soins de santé, les soins y sont gratuits ou très bon marché. 3. On a mobilisé à fond la population avec des réseaux sociaux solides, des milliers de brigades déployées sur le terrain, des campagnes de sensibilisation efficaces.
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