Au nord du Mali, la guerre oppose le gouvernement central, les séparatistes touaregs et les djihadistes

 

La junte militaire au pouvoir au Mali a annulé le vendredi dernier les célébrations prévues pour célébrer l’anniversaire de l’indépendance et a annoncé vouloir mobiliser « tous les réservistes face aux tensions croissantes dans le nord du pays ».

 

 

Jeudi soir, dans un discours à la nation, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a célébré « le travail de la junte pour avoir expulsé toutes les forces étrangères », remerciant Moscou et son soutien « pour préserver la souveraineté du Mali ». Concernant la situation de crise actuelle dans le nord, Goïta a assuré que les forces de défense seront « à nouveau déployées sur le territoire national pour rétablir la souveraineté de Bamako sur l’ensemble du Mali ».
Ces derniers jours, aucun nouvel affrontement n’a eu lieu entre l’armée malienne (Fama) et les groupes séparatistes touaregs – réunis au sein du Cadre stratégique permanent (CSP) -, mais la situation reste tendue après les attaques de Léré et Bourem, avec plus de 40 soldats tués.

Dimanche, les groupes rebelles touaregs du nord de l’Azawad – notamment la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) – ont déclaré avoir pris deux bases militaires à Léré, dans la région de Tombouctou, faisant « des victimes, des dizaines de prisonniers et le crash de deux avions à réaction de l’armée de l’air », après la prise de la base de Bourem la semaine dernière.
Les combats de ces dernières semaines s’inscrivent dans un contexte de tension croissante dans le pays où une multitude d’acteurs armés se disputent le contrôle du territoire: l’armée nationale aux côtés des mercenaires russes de Wagner, les groupes séparatistes touaregs et les différentes factions djihadistes présentes dans le pays. Des tensions qui font craindre la réouverture du front entre l’armée malienne et les groupes rebelles de l’Azawad qui ont combattu l’État central en 2012, avant d’accepter un cessez-le-feu en 2014 et de signer ce que l’on appelle « l’Accord de paix d’Alger » en 2015.

Une situation déjà très compliquée en raison de l’avancée simultanée des groupes djihadistes, avec le siège de villes comme Ménaka et Tombouctou par les deux groupes dans le pays : le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim), affilié à al-Qaïda, et l’État islamique du Sahel. La reprise des hostilités dans toute la zone nord coïncide avec le retrait progressif des douze mille soldats de la mission onusienne Minusma, demandé en avril dernier par le gouvernement malien pour « ingérence dans les affaires intérieures du pays », en raison d’accusations liées à des « violences indiscriminées perpétrées contre des civils », commis par les Fama avec des mercenaires russes.
Ces derniers mois, la Minusma a laissé deux bases près de Tombouctou (Ber et Goundam) transférées aux autorités maliennes, mais le positionnement des militaires de Bamako a provoqué de nouveaux affrontements et une instabilité. Les militaires se sont retrouvés à combattre à la fois des miliciens djihadistes et des groupes séparatistes touaregs qui accusent Bamako de « vouloir réoccuper le nord ».

« Le gouvernement central a violé les accords », a déclaré à l’Afp le porte-parole de la coalition, Mohamed Elmaouloud Ramadane, précisant que la junte militaire souhaite « réoccuper des zones dont le contrôle doit rester aux mains du CSP ». « Le choix de reprendre la lutte armée – a indiqué Ramadane – est également dû à la violence, aux pillages et aux exécutions arbitraires contre les civils par les Fama».
Sur le terrain, l’accord de paix de 2015 s’est effectivement effondré, même si ni Bamako ni les groupes armés ne s’en sont officiellement retirés. Ne semble pas avoir eu d’effet l’appel de la société civile malienne pour tenter de sauver la paix.
« Nous exhortons les autorités nationales et les mouvements séparatistes à rechercher la voie du dialogue, car avec un nouveau conflit, notre pays risque de s’effondrer sous la pression des djihadistes », ont déclaré toutes les formations politiques du pays dans un communiqué commun ce lundi.

 

Source : https://www.investigaction.net/fr/au-nord-du-mali-la-guerre-oppose-le-gouvernement-central-les-separatistes-touaregs-et-les-djihadistes/

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