A man casts his vote in front of an image of late Venezuelan president Hugo Chavez, during the presidential elections at a polling station in Caracas on May 20, 2018. Venezuelans, reeling under a devastating economic crisis, began voting Sunday in an election boycotted by the opposition and condemned by much of the international community but expected to hand deeply unpopular President Nicolas Maduro a new mandate (Photo by Juan BARRETO / AFP)AFP

Amérique Latine en Résistance : Elections à l’horizon pour le Venezuela

Le Conseil National Électoral (CNE) vénézuélien a fixé la date des élections présidentielles au 28 juillet prochain. La campagne électorale se déroule dans un contexte d'agression impérialiste accrue et l’enjeu est de taille pour les différentes forces de l'échiquier politique. 

Pour le Président Nicolas Maduro et le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV), l’objectif est de remporter un nouveau mandat jusqu’en 2030, ce qui signifierait plus de trois décennies au pouvoir pour le chavisme.

Le “parti au pouvoir”, malgré des conditions économiques difficiles qui résultent du blocus américain, a conservé une solide base de soutien qui lui offre une assise significative dans la compétition électorale. Cependant, il est confronté au défi de regagner des électeurs déçus ou éventuellement de trouver le soutien de nouveaux secteurs.

La politique de Maduro a cherché des équilibres pragmatiques dans des conditions adverses. D’une part, il a maintenu certains programmes sociaux (comme les paniers alimentaires subventionnés, CLAP) et, d’autre part,  il a également annoncé, pendant la période de pré-campagne, plusieurs nouvelles missions qui visent à promouvoir l’attention portée aux couches de population les plus touchées par la crise. L’élection programmée le jour de l’anniversaire d’Hugo Chavez sera un autre élément de recherche d’un « coup de pouce » émotionnel. 

D’autre part, sur le plan économique, le gouvernement Maduro a opté pour une politique de plus en plus libérale afin de maintenir le calme dans les rangs du secteur privé et d’attirer de nouveaux investissements. Certaines politiques, telles que le maintien de salaires très bas et l’offre de “primes” (qui n’impactent pas la sécurité sociale, les congés payés et d’autres droits), ont suscité de vives critiques de la part des syndicats. Parallèlement, dans les domaines où l’État a eu des difficultés à remplir son rôle, la solution a été de céder du terrain au secteur privé.

Cependant, les conditions plus favorables pour celui-ci, avec des exonérations fiscales et d’autres avantages, n’ont pas réussi à attirer les investissements, car la menace des sanctions américaines continue de peser. Le gouvernement espère qu’en cas d’un nouveau succès électoral, Washington reconnaîtra la force de son adversaire et desserrera l’étau  au profit du capital transnational.

Du côté de l’opposition, le panorama est beaucoup moins clair. Une série de candidats, que l’on pourrait considérés comme “modérés” ou qui sont relativement inconnus sur la scène politique vénézuélienne, ont déclaré leur intention de se présenter aux élections présidentielles.

Mais la grande inconnue concerne le secteur d’opposition “traditionnel” qui bénéficie ouvertement du soutien  des États-Unis. Ce camp est toujours pris en otage par ses factions les plus extrémistes et demeure incapable de proposer une stratégie cohérente pour accéder au pouvoir.

Après des tentatives de coup d’État, un gouvernement parallèle imaginaire (dirigé par Juan Guaido) et après avoir attendu que l’asphyxie économique provoque un soulèvement populaire ou un coup d’État, l’opposition a décidé de reprendre la voie électorale.

Une élection primaire controversée, en octobre dernier, a abouti à la victoire de María Corina Machado, la figure la plus extrémiste de l’opposition. Mais Machado n’a pas le droit d’exercer des fonctions publiques, et son recours a été rejeté, en janvier, par la Cour Suprême, qui a relevé des irrégularités bureaucratiques lorsqu’elle était députée, ainsi que son soutien à des sanctions et à d’autres actions contre le pays. 

Le problème est que Machado a annoncé qu’elle irait “jusqu’au bout”, et que les autres forces d’opposition, bien qu’elles soulignent leur intention de rester sur la voie électorale, disposent de peu de temps pour proposer un autre candidat. De plus, si Machado n’offre pas son soutien, le scénario se traduira par une forte abstention de la base électorale de l’opposition, ce qui facilitera la victoire de Maduro.

L’autre acteur sur le terrain, malheureusement, ce sont les États-Unis. Bien que l’administration Biden ait admis que les sanctions avaient échoué dans leur but déclaré de renverser le gouvernement vénézuélien. Mais faute d’alternatives, Washington a maintenu le blocus. 

En octobre dernier, une petite ouverture est apparue avec l’accord de licences limitées qui suspendaient les sanctions contre les secteurs pétrolier et minier, bien que le Département du Trésor ait averti les sociétés internationales qu’il ne s’agissait pas d’un appel à investir. 

Récemment, après la confirmation de la disqualification de Machado, la licence minière a été révoquée, tandis que les responsables américains menacent de ne pas renouveler la licence pétrolière lorsqu’elle arrivera à expiration en avril. 

A l’approche des élections, l’administration Biden voudra renforcer l’asphyxie économique pour nuire au soutien à Maduro. Cependant, en l’absence de candidat et de stratégie électorale, nous pourrions assister à une répétition du film bien connu : Washington déclarera que les élections sont “frauduleuses” (sans aucune preuve) et s’en servira comme excuse pour intensifier la punition collective contre le peuple vénézuélien. 

La seule certitude c’est qu’il appartiendra au peuple vénézuélien de résister.


Traduit par Ines Mahjoubi. Relecture par Sylvie Carrasco.

Source: Investig’Action

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