Dans un article publié sur ce site quelques jours après la victoire électorale de Donald Trump, nous spéculions sur le fait que sa présidence pourrait représenter au moins une discontinuité dans la politique d’attaque frontale de notre pays développée par le trio Obama-Clinton-Kerry durant ces 8 dernières années. Nous spéculions aussi sur le fait que notre contre-révolution avait reçu un rude coup avec la défaite de Madame Clinton puisque, nécessairement, on devrait voir suspendu temporairement le flux de billets verts qui a été tellement nécessaire pour pouvoir agir, comme l’est l’oxygène pour l’immense majorité des êtres vivant sur notre planète.
La réalité semble nous avoir donné raison en ce qui concerne le second pronostic, c’est que cette lutte de tous contre tous qui se développe avec une férocité extrême au sein de la direction de la MUD, au milieu de ce qui est un syndrome indéniable de pénurie de billets, serait explicable par la nécessité pour chacun de se montrer plus radical que les autres aux yeux du nouveau maître pour ainsi pouvoir acquérir un meilleur quota de financement.
Nous avons été loin de tomber juste sur le premier des pronostics et la discontinuité ne s’est pas produite, non seulement parce qu’Obama a essayé de défenestrer Maduro jusqu’au dernier jour de son mandat mais parce que Trump a donné très tôt des preuves de ses intentions à l’égard de la Révolution Bolivarienne en choisissant comme secrétaire d’Etat Rex Tillerson.
Tillerson est un ennemi notoire du Venezuela depuis qu’étant président d’Exxon Mobil, il a retiré cette entreprise du pays en refusant d’accepter le nouveau régime légal de la Frange Pétrolifère Hugo Chávez (régime imposé aux entreprises mixtes et accepté par toutes les autres transnationales) et n’a pas reçu l’indemnisation des milliards de dollars qu’il réclamait au Centre International de Règlement des Différends concernant les Investissements (CIADI).
L’ineffable Tillerson, lors de l’audience de confirmation de sa charge devant le sénat nord-américain, a livré un résumé clair de ce que serait la politique de Trump vis-à-vis de la Révolution Bolivarienne. On y lit notamment:
« Je crois que nous sommes complètement d’accord pour ce qui concerne la calamité qui est survenue au Venezuela, due dans une grande mesure à l’incompétence et au mauvais fonctionnement de son Gouvernement, d’abord avec Hugo Chávez et maintenant avec son successeur désigné, Maduro. Ceci étant confirmé, j’appelle instamment à une étroite coopération avec nos amis de l’hémisphère sud, en particulier avec les pays voisins du Venezuela, le Brésil et la Colombie. »
« … nous coopérerons aussi avec des organismes multilatéraux comme l’Organisation des Etats Américains (OEA) pour trouver une transition négociée vers la démocratie au Venezuela. »
« Les sanctions imposées par le Congrès vont être mises en œuvre (…) nous allons continuer à soutenir les efforts du secrétaire général de l’OEA, Almagro, qui cherche à invoquer la Charte Démocratique Inter-américaine pour promouvoir la normalisation de la situation au Venezuela et le rétablissement des situations démocratiques. »
« Enfin seront reconstruites les institutions politiques dirigées par de vaillants défenseurs de la démocratie et des droits de l’homme qui prépareront les réformes nécessaires afin de mettre le Venezuela sur la voie de la récupération économique.
Le Gouvernement, les institutions et les personnages expressément cités dans les déclarations du nouveau chancelier de l’Empire et décrits comme les vassaux soumis qu’ils sont, n’ont pas tardé à se mettre au travail contre la Révolution Bolivarienne, tant et si bien que :
Le Gouvernement bourgeois de Colombie, son vice-président en tête, a lancé une sale manœuvre de provocation, donnant ainsi une continuité à la campagne permanente de haine envers tout ce qui est vénézuélien qui s’est développée insidieusement dans la zone frontalière. A ceux à qui cette appréciation semblerait exagérée, nous devons rappeler que, malgré la condamnation énergique de notre chancellerie, exprimée dans 2 communiqués fermes, et la condamnation de notre Président lui-même, ni la chancelière Holguín ni le Président Santos dont les déclarations cyniques à ce sujet confirment le caractère xénophobe du Gouvernement n’ont présenté les excuses officielles demandées.
Luis Almagro, bien qu’il semble être resté un peu dans l’expectative pour savoir lequel des groupes de la MUD pyromane arrivera à en prendre le contrôle absolu, n’a pas perdu de temps pour s’attirer les bonnes grâces du nouveau maître dont il cherche à obtenir honteusement le soutien politique et financier pour pouvoir cristalliser ses aspirations présidentielles dans son pays d’origine. Dans des déclarations faites lundi dernier à une radio FM uruguayenne, il a reconnu sans vergogne ses actions d’ingérence en déclarant avec arrogance qu’il agit ainsi parce qu’il fait son travail et « si ça plaît à tout le monde, c’est bien, et s’il n’a pas de soutien, c’est la même chose » pour ensuite arriver au summum de l’ingérence en déclarant, au sujet du dialogue, que le Gouvernement révolutionnaire persiste à entretenir avec les représentants de la MUD : « Tant que le Vatican est là, nous ne ferons rien pour faire jouer la charte démocratique. S’ils nous disent que ce dialogue est fini et qu’il y a une communication officielle de l’opposition au Vatican à ce sujet, nous reprendrons nos efforts pour prendre des mesures. »
Le Gouvernement dictatorial de la République Fédérative du Brésil a, semble-t-il, agi avec plus de prudence puisque nous n’avons pu trouver sur la toile aucune information récente qui témoigne de son soutien à la politique interventionniste de la nouvelle direction de l’Empire. Cependant, ses antécédents de soutien aux politiciens emprisonnés, d’offre de collaboration au cipaye Almagro pour contribuer à « résoudre notre crise », de tentative d’organisation d’une éventuelle expulsion illégale du Venezuela du MERCOSUR et de son accusation portée au Venezuela d’être un pays qui exporte de plus en plus de cocaïne, tout ceci ajouté au fait qu’il a de plus en plus besoin du soutien de l’Empire pour pouvoir subsister ne laisse aucun doute sur sa position et sur son soutien potentiel au nouveau Gouvernement de l’Empire.
D’autre part, la contre-révolution locale, sans doute stimulée par les déclarations de Tillerson qui promet le pouvoir et la gloire aux « vaillants défenseurs de la démocratie et des droits de l’homme », malgré ses luttes internes et un divorce évident avec les masses, opte sans doute pour une fuite en avant en développant un plan d’actions de déstabilisation coordonnée de petit, moyen et fort impact au niveau national depuis la semaine dernière. Parmi ces actions, nous pouvons citer :
– Tentatives pour monter des guarimbas à Caracas, Mérida et San Cristóbal sous différents prétextes
– Tentatives de perturbation du fonctionnement normal du CNE grâce à des députés oisifs de l’AN sous prétexte de faire pression pour un appel à des élections
– Tentatives de perturbation du fonctionnement normal des centres de santé sous prétexte de crise humanitaire
– Actions de sabotage causant la paralysie partielle et temporaire du service des chemins de fer des Valles del Tuy et du Métro de Caracas. Bien qu’elles aient échoué, celles qui auraient pu avoir le plus d’impact ont fini par être les plus regrettables du fait de la mort de 6 des organisateurs : les tentatives de sabotage de 4 sous-stations électriques de CORPOELEC situées à El Tablazo, à Petroquímica de Morón, dans l’Usine de Traitement d’Eaux à El Guri et dans l’état de Falcón.
Ces actions s’inscriraient dans une phase préalable à ce qu’on appelle « l’Opération Cri de Liberté » dénoncée par le gouverneur Vielma Mora lundi dernier à l’occasion de son témoignage concernant la neutralisation d’une tentative d’organisation de guarimbas dans les environs de l’Université Catholique de Táchira par les mercenaires de l’opposition.
Cette opération, prétendument planifiée et financée par la Colombie, aurait été prévue pour débuter le dimanche 1° février, date à laquelle on célébrait la « Journée de la Jeunesse » et qui était le 3° anniversaire du début des actions terroristes de “La Sortie” et le 2° anniversaire de la révélation de ce qu’on appelle Coup d’Etat Bleu avec son Opération Jéricho qui, si elle avait réussi, serait devenue le plus grand et le plus cruel acte terroriste de tous les temps dans notre pays.
Tout cela devrait être plus que suffisant pour démontrer la réalité du titre de cet article. Cependant, comme le fascisme n’a pas de limite, un groupe de 34 parlementaires gringos, dirigés par Ileana Ros-Lethinen (républicaine) et Bob Menéndez (démocrate), tous deux d’origine cubaine, ont écrit une lettre au Président Trump révélée hier publiquement en l’appelant instamment à augmenter la pression sur le Gouvernement du Venezuela « en sanctionnant immédiatement les fonctionnaires coupables de corruption et d’abus concernant les droits de l’homme. »
Cette lettre contient la perle suivante : « Une action décidée et exemplaire en réponse aux événements au Venezuela en tant que l’une des premières actions de politique étrangère de notre Gouvernement enverrait un puissant message au régime de Maduro et au peuple vénézuélien » et serait une gigantesque bombonne d’oxygène pour faire revivre notre contre-révolution très mal en point. De plus, nous exigeons l’envoi de plus de fonds à l’opposition vénézuélienne, une autre grosse bombonne d’oxygène et demandons des enquêtes et des sanctions pour des fonctionnaires vénézuéliens tel que le vice-président Tareck El-Aissami.
Alors, il ne devrait y avoir aucun doute sur le changement qu’il peut y avoir concernant la politique interventionniste de l’administration Trump, S’il y a un changement, ce sera pire, c’est pourquoi il faut garder actives toutes les alarmes.
Heureusement, sur le front de la défense internationale, nous avons le soutien ferme de la Fédération de Russie dont la chancellerie, habituellement très prudente et modérée, nous a alertés deux fois en moins d’un mois sur l’ingérence intolérable du Gouvernement des Etats-Unis. La Fédération de Russie pense que le gouvernement US essaie d’organiser une de ses cruelles « révolutions de couleur » dans notre pays. Nous rappelons qu’avec la Russie, nous avons d’importants accords en matière économique et militaire, dont certains ont été renforcés lors de la récente visite de notre chancelière dans ce grand pays.
A n’en pas douter, nous aurions aussi le soutien de la Chine, la grande puissance de l’Extrême Orient et de la République Islamique d’Iran, comme leurs Gouvernements nous l’ont fait savoir à plusieurs occasions, sans compter sur celui des pays frères de l’ALBA-TCP qui jouent un rôle si important pour arrêter les avancées du cipaye Almagro au sein de l’OEA.
Sur le front intérieur, il faut augmenter l’offensive contre les forces de la contre-révolution pour éviter son éventuelle recomposition maintenant qu’elles passent par leurs pires moments. Nous ne devons pas sous-estimer ses forces potentielles parce que, bien qu’elle n’ait pas les masses, elle a des mercenaires et un groupe important d’éléments dispersés capables de tenter les actes terroristes les plus cruels et les actes de sabotages les plus téméraires comme le démontre le cas de ceux qui sont morts en essayant de saboter le Système Electrique National (SEN).
Pour cela, nous avons la puissante union civique et militaire dont le haut niveau de préparation opérationnelle a été mis en évidence par les récents exercices “Zamora 200” et qui a l’immense avantage de pouvoir contrôler légitimement et légalement la plupart des pouvoirs publics.
Traduit par Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Relu par Elisabeth Beague pour Investig’Action
Source : Resumen Latinoamericano