Lors de la 18ème session ordinaire de l’Union africaine en janvier 2012, les dirigeants du continents avait annoncé une batterie de mesures à prendre afin de « réduire la pauvreté, créer des emplois, intégrer le continent dans l’économie mondiale […]». Ils étaient même allés plus loin pour annoncer un libre échange entre pays du continent à l’horizon 2017. Nous sommes en 2017, mais le libre-échange promis relève encore du mythe. En attendant, ils s’empressent de signer et de mettre en application les Accords de partenariat économique avec l’Union européenne (APE)
Dans sa fable intitulée Les enfants désunis du laboureur, Esope écrit : « Autant l’union fait la force, autant la discorde expose à une prompte défaite ». Vieux de plus de deux millénaires, ces propos du fabuliste, sans doute inspirés par son vécu dans la Grèce antique, correspondent à l’Histoire contemporaine de l’Afrique. La désunion du continent a eu pour conséquences sa marginalisation à l’extérieur et son cloisonnement à l’intérieur…
A l’extérieur de ses frontières, l’Afrique est considérée comme un grand enfant. Pas de place permanente au Conseil de sécurité de l’ONU, malgré son milliard 300 millions d’habitants. Baignant sans identité dans la culture de l’Autre, utilisant dans certains cas une monnaie émise et contrôlée par un colon parti pour mieux rester, le continent fait figure de figurant dans les relations internationales.
A l’intérieur du continent, des barbelés invisibles sont érigés. Aujourd’hui encore, pour partir d’une capitale africaine à une autre, il faut passer par l’Europe ou l’Amérique, faute de vols directs entre pays de la même sous-région ! Selon les chiffres de l’Union africaine, le commerce intra-africain atteint à peine 15% contre 40% en Amérique du nord et 60% entre les pays européens. En d’autres termes, les Africains s’échangent moins de 15% de biens et services qu’ils produisent. Ils produisent ce qu’ils ne consomment pas et consomment ce qu’ils ne produisent pas.
Si cette situation s’explique par l’offensive des multinationales étrangères, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’au-delà des discours volontaristes, une volonté d’ouverture de l’Afrique aux Africains fait défaut aux dirigeants du continent. La nature ayant horreur du vide, les biens et services venus d’ailleurs s’installent confortablement dans les salons, les plats mais aussi dans le cerveau des Africains.
Et pourtant, l’intégration du continent, adossée sur des réformes adéquates permettrait aux Africains de se rencontrer, de se connaitre et surtout de s’adopter. En s’ouvrant, l’Afrique développera son industrie touristique, boostera la consommation intra-africaine qui est le seul moyen efficace de lutter contre le chômage et la pauvreté. En s’ouvrant à elle-même, l’Afrique s’unira parce que les citoyens des différents pays s’accepteront, réaliseront des projets communs, et pourront facilement se mettre ensemble pour se défendre et défendre le continent. Et unie, l’Afrique, forte de ses deux milliards d’habitants attendus en 2050 devient intouchable, et incontournable dans les relations internationales.
En ouvrant ses frontières aux ressortissants de 30 pays du continent, le Bénin lance un appel aux Africain(e)s
Carlos Silenou & Olivier A. Ndenkop
Le Journal de l’Afrique n°30: L’Afrique doit s’ouvrir aux Africains by Investigaction on Scribd