Pape François est entreprenant. Au cours des dix premiers mois de l’année 2015, il prononça 203 discours, écrivit l’encyclique Laudato Si’. Sur la sauvegarde de la maison commune ’(24 mai) et entreprit 4 voyages apostoliques à l’étranger (1). Sans oublier ses besognes quotidiennes. Laudato Si’, ‘Loué sois-tu’ en français, suscite un intérêt majeur. Ceci est sans doute dû en grande partie à la conférence climatique qui débuta le 30 novembre à Paris. Mais ce n’est pas l’unique raison. Comme dans son exhortation apostolique ‘Evangelii Gaudium (2), le pape ne se sert pas du langage ganté. Il place ‘les pauvres’ au centre de sa sollicitude. La ‘Mère Terre’ fait partie de ces ‘pauvres’. Elle aussi est menacée.
François établit un lien entre la problematique sociale et écologique. “Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres (3). “Tout est lié”, dit le pape, jusqu’à neuf reprises. Il parle d’une ‘écologie integrale’ (4). Dans l’introduction de la traduction néerlandaise de la Conférence Episcopale de Belgique, le professeur Jacques Haers sj écrit : “L’écologie intégrale’ accentue l’interaction entre les multiples dimensions : une vision holistique sur l’environnement, l’économie, la réalité sociale et sociétale, la diversité culturelle, l’écologie quotidienne (transport, logement), les convictions et comportements moraux”. Cela suppose une analyse qui n’est pas applaudie dans tous les milieux. Le ‘reproche’ de marxisme n’est alors pas très loin. L’évêque Helder Câmara (1909-1999) le disait déjà : “Si je donne du pain aux pauvres on m’appele un saint. Si je pose la question pourquoi les pauvres n’ont pas à manger, on m’appelle un communiste”. Greg Gutfeld, commentateur de la chaîne Américaine Fox News, franchit un pas de plus et appela le pape François “l’homme le plus dangereux de la planète” (5).
Mouvements populaires
Mais ce dernier commentaire eut lieu après le discours papal du 9 juillet dernier à la Deuxième Rencontre Mondiale des Mouvements Populaires à Santa Cruz de la Sierra en Bolivie (7-9 juillet). Plus de 1500 délégués provenant des différents mouvements populaires d’Amérique latine participaient à cette rencontre. Des délégations d’autres continents et le président Evo Morales étaient également présents. Ce discours papal (6) a peu retenti dans nos médias, mais est à mon sens encore plus vigoureux que ses affimations -mesurées aux aunes ecclésiales- déjà corsées dans Evangelii Gaudium et Laudato Si’.
Le discours est divisé en trois parties et une conclusion. Dans une brève introduction le pape rappele en mémoire la Premiere Rencontre Mondiale des Mouvements Populaires (Rome, 27-29 octobre 2014) et insiste sur l’importance de la lutte pour les 3 T’s : Terre, Toit et Travail. Ce sont des ‘droits sacrés’, dit-il.
Dans la première partie François insiste sur la nécessité d’un changement. “Vous êtes des semeurs de changement” dit-il dans la seconde partie. Dans la troisième partie le pape enumère quelques tâches importantes pour les mouvements populaires dans ce moment historique important. 1. mettre l’économie au service des peuples ; 2. unir nos peuples sur le chemin de la paix et de la justice. Avec, en passant, un plaidoyer pour la fraternité des peuples concrétisée dans les efforts bolivariens en vue de la ‘Patria Grande’, la grande patrie latino-américaine. Ce faisant Il discerne les diverses figures du ‘nouveau colonialisme’ ; 3. troisième tâche, peut-être la plus importante : défendre la Mère Terre.
En conclusion de son discours le pape affirme que l’avenir de l’humanité n’est pas uniquement entre les mains des grands dirigeants, des grandes puissances et des élites. Il est fondamentalement entre les mains des peuples.
Un recueil
“Les multiples exclusions et les injustices dont vous souffrez sont nombreuses et diverses comme nombreuses et diverses sont les manières de les affronter. Elles ne sont pas isolées, elles sont reliées par un fil invisible (…) Je me demande si nous sommes capables de reconnaître que ces réalités destructrices répondent à un système qui est devenu global. Reconnaissons-nous que ce système a imposé la logique du gain à n’importe quel prix sans penser à l’exclusion sociale ou à la destruction de la nature ?
S’il en est ainsi, j’insiste, disons-le sans peur : nous voulons un changement, un changement réel, un changement de structures. On ne peut plus supporter ce système, les paysans ne le supportent pas, les travailleurs ne le supportent pas, les communautés ne le supportent pas, les peuples ne le supportent pas… Et la Terre non plus ne le supporte pas, la sœur Mère Terre comme disait saint François.
“ (…) l’interdépendance planétaire requiert des réponses globales aux problèmes locaux. La globalisation de l’espérance, qui naît des peuples et s’accroît parmi les pauvres, doit remplacer cette globalisation de l’exclusion et de l’indifférence !”
“… Et derrière tant de douleur, tant de mort et de destruction, on sent l’odeur de ce que Basile de Césarée – l’un des premiers théologiens de l’Église – appelait “le fumier du diable” ; le désir sans retenue de l’argent qui commande. C’est cela ‘‘le fumier du diable’’(…) Quand le capital est érigé en idole et commande toutes les options des êtres humains, quand l’avidité pour l’argent oriente tout le système socio-économique, cela ruine la société, condamne l’homme, le transforme en esclave, détruit la fraternité entre les hommes, oppose les peuples les uns aux autres, et comme nous le voyons, met même en danger notre maison commune, la sœur et mère terre (…) les effets pernicieux de cette dictature subtile, vous les connaissez”.”
J’ose vous dire que l’avenir de l’humanité est, dans une grande mesure, entre vos mains, dans votre capacité de vous organiser et de promouvoir des alternatives créatives, dans la recherche quotidienne des trois ‘‘T’’”.
“Les êtres humains et la nature ne doivent pas être au service de l’argent. Disons NON à une économie d’exclusion et d’injustice où l’argent règne au lieu de servir. Cette économie tue. Cette économie exclut. Cette économie détruit la Mère Terre. L’économie ne devrait pas être un mécanisme d’accumulation mais l’administration adéquate de la maison commune.” “C’est une économie où l’être humain, en harmonie avec la nature, structure tout le système de production et de distribution pour que les capacités et les nécessités de chacun trouvent une place appropriée dans l’être social. Vous, et aussi d’autres peuples, vous résumez ce désir ardent d’une manière simple et belle : “vivre bien” (…) Cette économie est non seulement désirable et nécessaire mais aussi possible.”
“Les plans d’assistance qui s’occupent de certaines urgences devraient être pensés seulement comme des réponses passagères, conjoncturelles. Ils ne pourront jamais substituer la vraie inclusion : celle qui donne le travail digne, libre, créatif, participatif et solidaire.”
“Le nouveau colonialisme adopte divers visages. Parfois, c’est le pouvoir anonyme de l’idole argent : des corporations, des prêteurs sur gages, certains traités dits ‘‘de libre commerce’’ et l’imposition de mesures d’‘‘austérité’’ qui serrent toujours [plus] la ceinture des travailleurs et des pauvres. Nous les évêques latino-américains, nous le dénonçons avec une clarté totale dans le document d’Aparecida quand il y est affirmé que “Les institutions financières et les entreprises transnationales se fortifient au point de subordonner les économies locales, surtout, en affaiblissant les États, qui apparaissent de plus en plus incapables de conduire des projets de développement au service de leurs populations” (7).
“(…) la concentration, sous forme de monopoles des moyens de communication sociale, qui essaie d’imposer des directives aliénantes de consommation et une certaine uniformité culturelle est l’une des autres formes que le nouveau colonialisme adopte. C’est le colonialisme idéologique.”
“Le colonialisme, nouveau et ancien, qui réduit les pays pauvres en de simples fournisseurs de matière première et de travail bon marché, engendre violence, misère, migrations forcées et tous les malheurs qui vont de pair… précisément parce que, en ordonnant la périphérie en fonction du centre, le colonialisme refuse à ces pays le droit à un développement intégral. Et cela, chers frères, c’est de l’injustice, et l’injustice génère la violence qu’aucun recours policier, militaire ni aucun service de renseignements ne peut arrêter.
Donc, disons NON, aux vieilles et nouvelles formes de colonialisme. Disons OUI à la rencontre entre les peuples et les cultures. Bienheureux les artisans de paix.”
“(…) Continuez votre lutte (…)”
Commentaires
“Pape François préconise une rébellion contre le capitalisme” proclame suite à ce discours une information (23.07.2015) largement repercutée. Elle est à lire sur le site hispanophone de la chaîne russe RT et sur nombre d’autres sites en Amérique-latine (8). Aussi Leonardo Boff, théologien de la libération renommé, l’a reprise avec approbation sur son site (9).
Le consulat de Bolivie à Rosario (Argentine) diffuse le 10 juillet un texte sous le titre “François prononce en Bolivie son texte le plus révolutionaire en démolisseur contre le capitalisme” (10). Ce texte-ci aussi fait le tour du monde hispanophone.
Ces commentaires –parmi d’autres- soulignent l’anticapitalisme du pape. Ce qui est étrange dans tout ceci est le fait que François n’a jamais pris le mot ‘capitalisme’ dans la bouche, ni dans Evangelii Gaudium, ni dans Laudato Si’, ni dans son discours dit ‘revolutionaire’, pas une seule fois ! C’est comparable avec ‘mariage homosexuel’, expression qui n’apparaît non plus dans le discours papal devant l’Assemblée Générale des Nations Unies (25.09.2015). Pour moi il est neanmoins clair que le pape y référait implicitement. Ca se déduit du contexte immédiat.
Capitalisme et mariage homosexuel. Le pape ne le mentionne pas. Mais il le décrit pourtant et pose des gestes symboliques en illustration de ses paroles. Ainsi par exemple, lors de son passage au Kentucky, il visita Kim Davis, la fonctionaire qui refusa de conclure un mariage homosexuel. Et à son arrivée aux Etats Unis, il changea le papamobile ostentateur ou la limousine blindée pour une petite Fiat, pour couvrir de chemin de l’aéroport à son ambassade à Washington.
François ne se laisse pas définir univoquement. Beaucoup d’analystes ne s’y retrouvent et le définissent comme une figure énigmatique. Washington Uranga, publiciste argentin connu, professeur, rechercheur et spécialiste de communication affirme : “Le pape ne se laisse pas définir à l’aide des étiquettes politiques et idéologiques classiques : de droite ? de gauche ? libéral ? marxiste ? Selon le lieu où l’analyste se situe, valent pour François une, plus qu’une, ou toutes ces qualifications. Mais il y a plus. Celui qui se met à analyser son histoire personnelle et ses dires en Argentine sur les mêmes sujets qu’il aborde aujourd’hui (de diversité sexuelle à son positionnement politique) rencontrera sûrement des contradictions. Sauf sur un seul point : la défense des pauvres. Cela a toujours été une constante, jadis et maintenant. Les admirateurs et défenseurs de Bergoglio soutiennent sans faute qu’il n’y a aucune différence ou contradiction entre ses affirmations et ses actes d’antan et ceux d’aujourd’hui. Pour eux François reste un authentique Bergoglio. Il existe d’autres points de vue (11).”
Vision économique
Pour comprendre la vrai nature de François il faut creuser plus profondément. Qui analyse méticuleusement le discours de François aboutit à des conclusions qui divergent des titres gonflés dans les journaux..
Une première constatation est que François ne rompt pas avec ses prédécesseurs. Ce n’est pas de coutume chez les papes. François cite souvent ses prédécesseurs et continue à se situer dans leur univers idéologique. Il est donc prématuré de parler d’un pape ‘révolutionnaire’. Après la parution de ‘Laudato Si’, le politicologue Colombien José Francisco Puello-Socarrás (°1977) qui enseigne à différentes universités et écoles supérieures, déclarait sans ambages que la vision conomique de l’église catholique et du pape François se situent à l’intérieur du néolibéralisme (12). Plus exactement dans sa version allemande (13) qui se différencie de la conception anglo-saxonne et américaine. Cette dernière veut un ‘libre’ marché fonctionnant pleinement sans régulation aucune par l’état et le gouvernement. Pour sa propre sauvegarde le néoliberalisme allemand est convaincu que les mécanismes et les contradictions du marché doivent être sélectivement régulés et corrigés. Il prétend vouloir développer ce qu’il appelle une ‘économie sociale de marché’. Puello-Socarrás remarque à ce propos que la prédominance se situe plus du côté de ‘marché’ que de ‘social’. Et que la distinction entre ‘economie de marché’ et ‘economie sociale du marché’ correspond à la distinction entre le ‘néoliberalisme sauvage’ et le ‘néolibéralisme du ‘Bon Sauvage’ (J.J. Rousseau), c’est à dire un néolibéralisme avec une certaine mesure d’ ‘inclusion sociale’. Mais finalement il s’agit de deux variantes du néolibéralisme.
La vision sur le marché social, autrement dit la doctrine néolibérale allemande, est le point de référence pour la pensée économique et politique du Vatican. Ça s’initia chez Jean XXIII et est, en passant par Paul VI, Jean-Paul II et l’allemand Benoît XVI, toujours ainsi sous François (14). La Commission des Episcopats de la Communauté Européenne (COMECE) (15) défend et promeut sans réserve l’économie sociale de marché comme lá référence centrale de la doctrine sociale de l’église. En janvier 2012 elle a lancé un appel à l’UE à s’engager sur la voie d’une économie sociale de marché de style allemand, comme le modèle qui reflète l’ ‘héritage chrétien’ de l’Europe. Dans une déclaration elle affirme : “Une économie sociale de marché relie le principe du libre marché et l’instrument d’une economie de concurrence avec le principe de solidarite et avec des mécanismes créés dans l’intérêt d’une plus grande égalité sociale. L’idée d’une economie sociale de marché s’origine en grande partie dans la conception chrétienne occidentale de l’être humain comme personne individuelle et de l’union, propre à la culture européenne, avec l’ancienne éthique de droit et d’amour qui trouve son origine dans la philosophie grecque, la jurisprudence romaine et la bible (…) Le marché n’est pas intrinsèquement antisocial. Régulé à la juste manière il peut être un lieu pour des interactions qui créent des relations. Cela n’empêche pas que les évêques condamnent une économie pour laquelle compte uniquement l’accumulation des gains. Cette vision risque d’éclipser les dimensions sociales et écologiques de la qualité de vie qui ne peut pas s’exprimer en termes monétaires.” (The Tablet. The international Catholic News Weekly, 21 janvier 2012).
Marx
Le président de la COMECE s’appelle …. Marx ! Pas Karl mais Reinhard. Il a été évêque de … Trèves le lieu de naissance de Karl. Entretemps il a été nommé archévêque de Munich et Freising et promu cardinal. Il a écrit une livre avec comme titre… ‘Das Kapital’. Afin d’éviter d’être accusé de plagiat il y a ajouté le sous-titre ‘Ein sozialethisch Streitschrift” (16). La carrière du cardinal Marx a été fulgurante. Il n’occupe pas seulement la présidence du COMECE mais aussi celle de la conférence épiscopale allemande. Il est membre du Sécrétariat de l’Economie qui est, entre autres, responsable des finances du Vatican. Ce Sécrétariat fut fondé l’année passée et se trouve sous la direction du cardinal australien George Pell. Cardinal Marx est conseiller économique et main droite de François comme il l’était déjà sous Benoît (Puello-Soccarás). Il fait également partie du C9, le conseil des 9 cardinaux qui doivent assiter le pape dans la réforme de la curie romaine.
Marx est donc une bonne adresse pour aller à la recherche de la toile de fond de la pensée papale. A la différence de François Reinhard Marx utilise bel et bien le mot ‘capitalisme’. “Une telle économie (d’exclusion et de disparité sociale) tue” dit le pape (Evangelii Gaudium nr.53). Certes, ce capitalisme ruine des vies humaines et endommage le bien commun (bene commune)” précise R.Marx dans l’Osservatore Romano’ du 10 janvier 2014. A l’occasion de la parution d’Evangelii Gaudium il publie le long article ‘Oltre il capitalismo’, au-delà du capitalisme. Il y explique la distinction, bizarre mais caractéristique du discours vatican, entre d’une part le capitalisme (financier) et d’autre part l’économie (social) de marché. Il écrit : “l’appel à penser au-delà du capitalisme n’est pas une attaque contre l’économie de marché (…) penser qu’existent, quelque part sur un lieu, des marchés purs qui produisent le bien au moyen de la concurrence libre est de la pure idéologie. Le capitalisme ne doit pas devenir le modèle de société parce qu’il ne tient pas compte avec les sorts individuels, avec les faibles et des pauvres (…) Servir l’homme, c’est de cela que parlent les textes de doctrine sociale de l’église, ce sont les bases spirituelles de l’économie sociale de marché, qui porte les caractéristiques de l’ordolibéralisme (17) qui à son tour fut inspiré par des impulsions chrétiennes.
Capitalisme = capitalisme
Mais comment s’imaginer une économie de marché non-capitaliste ? L’économie sociale de marché va-t-elle effectivement oltre il capitalismo, au-delà du capitalisme ? Ou est-ce que ‘oltre il capitalismo’ ne signifie pas plus que ‘au-delà du capitalisme sauvage’ ? Ce qui explique peut-être du même coup pourquoi Reinhard Marx précise le ‘telle économie tue’ dans Evangelii Gaudium avec ‘ce capitalisme’ et non pas avec ’le capitalisme’. A côté du capitalisme sauvage –ou moralement blâmable- il existerait aussi une bonne –ou moralement acceptable- variante de capitalisme. Mais il s’agit dans ce cas d’un jugement ‘moral’ sur la base d’effets visibles, mais non pas sur la base d’une analyse de la logique interne du système. Dans ce dernier cas on aboutit à la conclusion que le capitalisme reste le capitalisme indépendamment de la face ‘sauvage’ ou ‘humaine’ qu’il exhibe. Les faits le montrent. Au niveau de l’économie on oppose dans nos contrées souvent le dit ‘Modèle rhénan’ au modèle ‘anglo-saxon’ comme deux variantes du capitalisme. Ce qui correspond grosso modo à la distinction de Puello-Socarrás entre la ‘version allemande du néo-libéralisme’ et l’interprétation anglo-saxone. Les derniers temps pourtant nous constatons que le ‘modèle rhénan’ s’effrite de plus en plus dans la direction du modèle ‘anglo-saxon’. C’est la conséquence de la logique interne du capitalisme mondialisé basé sur la loi fondamentale de la concurrence. Contrairement à Reinhard Marx nous ne disserterons pas sur ce capitalisme mais sur le capitalisme. Le capitalisme est sauvage quand il peut et ‘civilisé’ quand il le doit, quand il en est forcé par les mouvements sociaux ou quand les dégats écologiques commencent à affecter le taux de profit.
Changement
Le pape Fraçois n’utilise nulle part le mot ‘capitalisme’, mais il le décrit assez bien. A Santa Cruz de la Sierra il affirme que les différents formes d’oppression dont ses auditeurs et la terre souffrent, sont liées. C’est un système, répandu dans le monde entier, qui a imposé ‘la logique du gain à n’importe quel prix’. Et de ces constations il tire la juste conclusion qu’un changement, un changement de structures –et du coeur- s’impose. “Ce changement est possible”, dit le pape, “mais il n’est pas si facile de définir le contenu du changement, n’attendez pas de ce Pape une recette. Ni le Pape ni l’Église n’ont le monopole de l’interprétation de la réalité sociale ni le monopole de la proposition de solutions aux problèmes contemporains (…) L’histoire, ce sont les générations successives des peuples, en marche à la recherche de leur propre chemin qui la construisent (…).”
“Le changement est un processus”, souligne le pape, “et ne doit pas être conçu comme quelque chose qui un jour se réalisera parce qu’on a imposé telle ou telle option politique ou parce que telle ou telle structure sociale a été instaurée. Un changement de structures qui n’est pas accompagné d’une conversion sincère des attitudes et du coeur finit tôt ou tard par se bureaucratiser, par se corrompre et par succomber.”
Nous le nierons pas, mais ne pouvons non plus oublier que changer de structures signifie également intervenir dans la logique du système. Et ceci est réfractaire, cela ne réussira pas sans aller à l’encontre des intérêts et du pouvoir de certains groupes, sans modifier les rapports des forces existants. Et ceci suppose la constitution de contre-pouvoir(s). Les pratiques alternatives d’en bas comme des ‘semences de changement’ pour lesquelles François, aussi bien dans Laudato Si’ (nrs. 112, 129, 179) que dans son discours, laisse voir sa sympathie sont précieuses mais ne suffiront pas. Construire du contre-pouvoir suppose de la lutte. François s’en rend compte, ‘lucha’ (lutte) figure sept fois dans son discours. Or, l’expression ‘lutte des classes’ brille par absence. Elle se heurte aux frontières de sa théologie.
Théologie
Les idées theologiques de Bergoglio s’apparentent à ce qu’on appelle la ‘ligne argentine de la théologie de la libération’, ou la ‘théologie du peuple’. Cette ‘teología del Pueblo’ est associée aux noms de Juan Carlos Scannone s.j., confrère jésuite en professeur de Bergoglio, Lucio Gera et Rafael Tello. Si cette théologie fait, oui ou non, partie de la théologie de la libération, est une question controversielle. Dans ‘Francis Our Brother Our Friend’ (18), livre paru en 2013 aux Etats-Unis, on trouve un long interview avec le père Scannone. Il y dit : “Dans la théologie de la libération argentine l’analyse marxiste de la société n’est pas utilisée, il s’agit plutôt d’une analyse historico-culturelle qui n’est pas basée sur la lutte des classes comme principe déterminant pour élucider société et histoire (…) Je pense que la ligne argentine de la théologie de la libération, appelée par certains ‘théologie du peuple’, nous aide à comprendre le travail pastoral comme évêque de Bergoglio”. Et Emilce Cuda, théologienne politique argentine, affirme que pour Bergoglio l’unité du peuple comme nation prime sur la classe. A partir de 1974 cela se faisait clair dans sa ligne pastorale (19). Dans un commentaire récent sur Laudato Si’, le professeur Georges De Schrijver (fondateur du Centre pour les théologies de libération à la KUL) développe davantage ce sujet (20).
Dans une interview avec la revue cubaine Temas (21) à l’occasion de la visite du pape à Cuba (19-21 sept. 2015) François Houtart affirme : “…Ainsi faisant le pape n’a pas recours à la théologie de la libération mais à la doctrine sociale de l’église, et cela d’une manière radicale, aussi radicale que possible pour dénoncer l’injustice et la menace pour mère terre”. Cela vaut aussi pour son discours bolivien.
Espace pour un discours anticapitaliste
Nombreux sont ceux qui ne savent pas quoi penser de François. Les uns s’épuisent à chanter des louanges excessives, les autres restent méfiants et lui prêtent des simulations idéologiques. “Considérer François comme de gauche témoigne de la même confusion que de tenir Reinhard Marx pour Karl”, ridiculise le journaliste polonais Maciek Wisniewski (22). Atilio Borón, marxiste chevronné, n’est pas d’accord. Borón (°1943) est un politicologue et sociologue argentin avec un curriculum impressionant. Il est un intellectuel organique du parti communiste argentin et a ventilé l’opinion suivante : “Des voix ont surgi pour dire que les paroles du pape ne devraient pas êtres prises au sérieux, étant donné la longue histoire de l’Eglise comme gardienne de l’ordre capitaliste et comme responsable d’innombrables crimes. (…) Je ne suis pas d’accord avec ces opinions. (…) Du point de vue de la construction d’un bloque historique anticapitaliste, le fait que François croie ou non son propre discours est irrelevant (…) Ce qui est important est le fait que ces paroles furent adressées à une importante réunion de leaders et dirigeants sociaux d’Amérique latine et qu’elles remportèrent à l’instant un retentissement impressionant dans le monde entier. Le pape dit que le capitalisme est un système épuisé qui n’est plus supportable, que les politiques d’ajustement budgétaire se font toujours aux dépens des pauvres, qu’il n’existe pas telle chose comme le débordement de la richesse de la coupe des riches, que le système détruit la maison commune et condamne la Mère Terre, que les monopoles sont une disgrâce, que le capital et l’argent sont “le fumier du diable”, qu’il faut veiller à l’avenir de la Grande Patrie (Patria Grande) y être en garde pour les vieilles et nouvelles formes de colonialisme. Si le pape dit tout ça et un tas d’autres choses, cela a objectivement des effets politiques de gauche d’une importance extraordinaire. Bien sûr tout cela a déjà été dit par Fidel, le Che, Camilo, Evo, Correa, Chavez et tant d’autres de la théologie de la libération et de la pensée critique de Notre Amérique. Mais leurs idées étaient toujours soumises à suspicion et toute l’industrie culturelle du capitalisme s’empressait à ridiculiser leurs convictions en les qualifiant de produits d’un radicalisme anachronique du dix-neuvième siècle. Les technocrates au service du capitalisme et les ‘bien-pensants’ postmodernes disaient que ces nostalgiques n’avaient pas compris que les temps du Manifeste Communiste étaient révolus, que la révolution était une illusion dangereuse sans avenir, et que le capitalisme avait définitivement triomphé. Mais voici que celui qui le conteste radicalement dans un langage sans fard et direct, est François. Et du coup ce discours acquiert une subite et inédite légitimité avec un impacte incomparablement plus grand sur la conscience populaire. Avec ses paroles s’ouvrait, pour la première fois dupuis longtemps, un espace énorme pour avancer dans la construction d’un discours anticapitaliste enraciné dans les masses, une chose qui jusqu’à présent était une entrepise destinée à être neutralisée par l’idéologie dominante qui répandait la croyance que le capitalisme était la seule forme sensée –et possible !- d’organisation économique et sociale. Plus maintenant. Le discours historique de François en Bolivie installa dans l’imaginaire publique l’idée que le capitalisme est un système inhumain, injuste, prédateur, qui doit être surmonté moyennant un changement structurel et qu’il y donc aucune raison d’avoir peur du mot révolution. Laissons aux philosophes, théologiens et psychologues de s’entretenir en discutant de la question si François croit oui ou non à ce qu’il dit. L’important, le décisif est que grâce à ses paroles nous sommes en de meilleures conditions pour livrer la bataille des idées qui convainque toutes les classes et groupes opprimés, les principales victimes du système, qu’il faut en finir avec le capitalisme avant que ce système infame en finit avec l’humanité et la Mère Terre.
Alliances
Le commentaire de Borón ne s’applique pas seulement au discours aux mouvements populaires, mais aussi à Laudato Si’ qui est beaucoup plus qu’une encyclique ‘écologique ou climatique’. Le document est très apprécié par des scientifiques engagés comme Ottmar Edenhofer en Naomi Klein, ce qui lui prête une plus grande autorité. Les deux étaient invités à ‘People and Planet First : The Imperative to Change Course (23), la conférence qui eut lieu à Rome et fut organisée par la CIDSE (24) et le Conseil Pontificale Justice et Paix. Edenhofer est co-président de l’IPCC, le ‘Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat’ des Nations Unies et professeur au renommé Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique.
L’activiste canadienne Naomi Klein, auteur de ‘No Logo. La tyrannie des marques’ et de ‘La stratégie du choc’, publia récemment ‘Tout peut changer. Capitalisme & Changement climatique’ (25). Tous les deux soutiennent pleinement Laudato Si’. “Nous savons qu’il faut changer pour sauver le climat” affirme Edenhofer : “avec le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution de climat nous n’avons pas réussi à faire passer ce consensus chez le grand public. La plus récente encyclique papale y réussit bien. Il est particulièrement charmé par le fait que pour la première fois dans l’histoire de la doctrine sociale de l’église, l’atmosphère, les océans, les forêts et en partie aussi le continent doivent être considérés comme des ‘biens communs globaux’ (nrs.23 ;174). C’est, selon Edenhofer, le point le plus révolutionaire de l’encyclique (26).
Le fait qu’elle fut invitée au Vatican pour commentarier une ‘encyclique catholique’ a surpris Naomi Klein. Elle est, en effet, pas catholique et de surplus laïque, féministe et juive. “Si nous ne voulons pas un changement climatique, nous devons impérieusement changer le système. C’est le même système qui nourit l’inégalité. Nous pouvons en même temps nous attaquer au problème climatique et changer le système économique. Ces choses sont connectées”, souligne Klein. Ce qui amène Alma De Walsche, qui relate pour la revue Mo* l’intervention de Klein à Rome de titrer son article : “Pape François et Naomi Klein : même lutte (27) !
En effet, l’encyclique met en places des alliances. Ce qui est extrêmement important.
Le système
Ces nouvelles positives ne doivent néanmoins pas nous empêcher de garder notre réalisme et de nous servir de nos instruments critiques d’analyse.
Au début de cet article je signalais la devise de François souvent répétée que ‘tout est lié’. La nature, l’homme, la culture… tout cela se trouve en interaction dans un réseau complexe de systèmes. Le mot ‘système’ figure 51 fois, en plusieurs compositions, dans Laudato Si’. La composition la plus fréquente est ‘écosystème’ (27 x). Or le pape ne dénomme pas un système qui serait tout déterminant. Est-ce la raison pour laquelle le mot ‘capitalisme’ n’apparaît pas dans ses documents importants ? Ce dernier n’est pas approché comme un ‘systeme’, plutôt comme une mentalité. Jacques Haers le formule ainsi : “Les causes de cette crise (écologique et humaine) sont à chercher en très grande mesure dans des comportements, modes de penser et attitudes humains (individuels, conceptuels-paradigmatiques et structurels). Le pape François renvoie ici à la confiance téméraire en une société globale aménagée technocratiquement, qui croit en un mythe de croissance illimitée et est basée sur des méchanismes de marché au service de l’intérêt personnel et de la poursuite du gain. Cette crise ne sera pas résolue sans tenir compte de la réalité humaine, tout particulièrement d’un anthropocentrisme effréné qui considère l’exploitation de la nature comme une évidence, qui mène à un relativisme de fait dans laquelle frères et soeurs en humanité sont eux aussi traités comme des objets, et qui part d’une pensée de domination qui se manifeste dans la nouvelle téchnologie génétique et leur sciences (28).”
Le problème fondamental selon François est ‘la globalisation du paradigme technocratique’. Dans la troisième partie de son encyclique il y consacre toute une considération (nrs. 106-114). Je cite les premières lignes : “Le problème fondamental est autre, encore plus profond : la manière dont l’humanité a, de fait, assumé la technologie et son développement avec un paradigme homogène et unidimensionnel.” François s’inspire ici du philosophe et théologien Romano Guardini (1885–1968), un prêtre allemand né de parents italiens. Il cite pas moins de huit fois ‘Ende der Neuzeit’ (29), livre le plus connu de Guardini. Selon le pape François Guardini déjà a dévoilé la structure de base de la pensée technocratique dont nous voyons maintenant, à l’ère du changement climatique, de la globalisation et de l’agrobusiness, toutes les conséquences”, écrit Georges De Schrijver (30) ce qu’il approfondit ensuite.
Pour conclure
Au début de la quatrième partie (Politique ét économie en dialogue pour la plénitude humaine) du chapitre cinq (Quelques lignes d’orientation et d’action) le pape François indique sa hiërarchie d’importance : “La politique ne doit pas se soumettre à l’économie et celle-ci ne doit pas se soumettre aux diktats ni au paradigme d’efficacité de la technocratie”.
‘La technocratie’se poste au plus haut de l’échelle, suit alors ‘l’économie’ et finalement ‘la politique’. François inverse cet ordre et nous –qui voulons un autre monde- le suivons là-dedans. Le mot ‘capitalisme’ ne figure pas dans cette rangée, mais le texte qui suit est néanmoins par moments très anticapitaliste. Ecoutez la suite de la citation : “Aujourd’hui, en pensant au bien commun, nous avons impérieusement besoin que la politique et l’économie, en dialogue, se mettent résolument au service de la vie, spécialement de la vie humaine. Sauver les banques à tout prix, en faisant payer le prix à la population, sans la ferme décision de revoir et de réformer le système dans son ensemble, réaffirme une emprise absolue des finances qui n’a pas d’avenir et qui pourra seulement générer de nouvelles crises après une longue, couteuse et apparente guérison. La crise financière de 2007-2008 était une occasion pour le développement d’une nouvelle économie plus attentive aux principes éthiques, et pour une nouvelle régulation de l’activité financière spéculative et de la richesse fictive. Mais il n’y a pas eu de réaction qui aurait conduit à repenser les critères obsolètes qui continuent à régir le monde. La production n’est pas toujours rationnelle, et souvent elle est liée à des variables économiques qui fixent pour les produits une valeur qui ne correspond pas à leur valeur réelle. (31) (…) Une fois de plus, il faut éviter une conception magique du marché qui fait penser que les problèmes se résoudront tout seuls par l’accroissement des bénéfices des entreprises ou des individus.” (nr.189 – 190)
Pourquoi François ne mentionne-t-il pas le capitalisme parmi ses multiples systèmes ? Ca reste une question ouverte. Serait-ce parce qu’il ne veut pas aller à l’encontre de ses prédécesseurs ? Entre autre Jean-Paul II qu’il cite plusieurs fois tout en le nommant à chaque reprise ‘saint Jean-Paul II’. Or Jean-Paul s’est bien prononcé sur le ‘système capitaliste’. Dans l’encyclique ‘Centesimus annus’ (1 mai 1991) il se pose la question si le capitalisme est le système recommandable aux pays du Tiers-Monde qui cherchent la voie du vrai progrès de leur économie et de leur société civile ? Il y répond : “Si sous le nom de ‘capitalisme’ on désigne un système économique qui reconnaît le rôle fondamental et positif de l’entreprise, du marché, de la propriété privée et de la responsabilité qu’elle implique dans les moyens de production, de la libre créativité humaine dans le secteur économique, la réponse est sûrement positive (…) Mais si par ‘capitalisme’ on entend un système où la liberté dans le domaine économique n’est pas encadrée par un contexte juridique ferme (…) alors la réponse est nettement négative” (nr. 42).
Et nous voilà de retour chez ‘le néoliberalisme style allemand’, chez Reinhard Marx, ‘l’économie sociale de marché’ ou le dit ‘modéle rhénan’. François fera-t-il la percée ?
Notes :
(1) Sri Lanka et les Phillipines (12 -19 janvier), Sarajevo (Bosnie et Herzegovie, 6 juin), Ecuador, Bolivie et Paraguay (5-13 juillet), Cuba en les Etats Unis d’Amerique (19-28 septembre).
(2) La joie de l’évangile (nov. 2013).
(3) Laudato Si’, nr. 49. Les italiques sont de François.
(4) Quoique cette ‘écologie intégrale’ de François contient aussi quelques petits côtés facheux, comme le rejet total de l’avortement, des expériments avec des embryons vivants, et, entre les règles, du mariage homosexuel (cfr. n° 120, 136, 155). Somme toute ‘l’écologie intégrale’ de François n’est pas très éloignée de ‘l’écologie humaine’ que Benoit XVI développa dans l’encyclique ‘Caritas in Veritate (2009). Voyez aussi : Jan Soetewey : Als de waarheid regeert… , dans Kenteringen-digit, avril 2010.
(5) www.cubadebate.cu/noticias/2…
(6) On trouve le texte sur le site du Vatican. http://w2.vatican.va/content/vatica…
(7) Vème Conférence Générale de l’Episcopat Latino-américain (2007), Document de Conclusion, Aparecida, n. 66
(8) “El papa Francisco insta a une rebelión contra el capitalismo”.http://actualidad.rt.com/actualidad….
(10) “Francisco pronuncia en Bolivia su discurso más revolucionario y demoledor contra el capitalismo”. http://www.consuladodebolivia.com.a…
(11) http://www.other-news.info/noticias…
(12) “Laudato Si : neoliberal-catolicismo y ecología (economía) social de mercado”.http://contrahegemoniaweb.com.ar.
(13) Cette variante du néoliberalisme est connu sous le nom d’Ordolibéralisme , un courant de pensée libéral apparu en Allemagne selon lequel la mission économique de l’État est de créer et maintenir un cadre normatif permettant la concurrence libre et non faussée entre les entreprises. L’ordolibéralisme serait né à partir de 1932 de la rencontre d’un économiste, Walter Eucken et de deux juristes, Franz Böhm et Hans Grossmann-Doerth de l’université de Fribourg. L’école de Fribourg où l’ordolibéralisme allemand commença à élaborer des conceptions économiques qui rejettent le matérialisme hédoniste des libéraux mais aussi l’évolutionnisme du marxisme. Walter Eucken, Wilhelm Röpke et Alfred Müller-Armack par exemple, s’exprimèrent dans la revue ORDO. (Wikipedia)
(14) Jean XXIII : Mater et Magistra ; Paul VI : Populorum Progressio ; Jean-Paul II : Centesimus annus. Benoît XVI : Caritas in Veritate.
(15) COMECE (du latin : ‘Commissio Episcopatuum Communitatis Europensis’) fut fondée en 1980 dans le but de créer un lien plus directe entre l’Eglise Catholique et la Communauté Européenne. Elle veut promouvoir les valeurs spirituelles en Europe, et, sur base de la doctrine sociale de l’église, stimuler la réflexion sur les défis auxquels la Communauté Européenne est confrontée. Elle veut en outre entretenir un dialogue avec les institutions européennes. (Wikipedia, Kerknet,www.comece.eu).
(16) Ouvrage de polémique socio-éthique.
(17) Voir note 13
(18) Alejandro Bermudez, Francis Our Brother Our Friend, San Francisco, Ignatiuspress, 2013.
(19) Emilce Cuda, Teología y politica en el discurso del papa Francisco. ¿Donde está el pueblo ?, in Nueva Sociedad nr. 248 (nov-dec 2013). Voir aussi ‘Pope Francis’ Preference for the Poor is Not Left-Wing’, interview avec JC Scannone dans Zenit, 12 fevr. 2015. www.zenit.org/en/articles/po….
(20) Georges De Schrijver, Paus Franciscus’ encycliek over het milieu. De Argentijnse achtergrond, dans Streven, novembre 2015. (21) ‘Hablando del papa (II) : François Houtart (+ video) :http://www.temascuba.org/content/ha….
(22) ‘Las simulaciones ideológicas del papa Francisco’. http://contrahegemoniaweb.com.ar/la….
(23) Humanité et Planète d’abord. L’impératif de changer de course.
(24) CIDSE est l’alliance internationale d’agences de développement catholiques avec, comme organisations belges, ‘Broederlijk Delen’ et ‘Entraide et Fraternité’.
(25) Actes Sud, Arles, Mars 2015
(26) Alma De Walsche, ’Zet een prijs op CO2 om ontwikkeling te financieren’.www.mo.be/interview/zet-een-prijs op-co2-om-ontwikkelingen-te-financieren.
(27) Alma De Walsche, 2 juillet 2015. www.mo.be/nieuws/paus-franci…
(28) ‘Aandachtspunten bij Laudato Si’’. www.jezuieten.org/nl/nieuw/a….
(29) La fin des temps modernes.
(30) Cfr. note 20.
(31) Dans cette phrase il s’agit, en termes marxistes, de la ‘valeur d’échange’ en de la’ valeur d’usage’
Source : Investig’Action